Exposition : “IL ÉTAIT UNE FOIS LA YOUGOSLAVIE” photographies : Milomir Kovačević (Galerie Fait et Cause, Paris, du 23.01.2018 au 24.02.2018)

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Jugoslavija ! Jugoslavija ! C’est avec ce mot scandé à chaque occasion festive que j’ai grandi dans un pays qui n’existe plus.
Et pourtant, il a bien existé, et pas qu’une fois. D’abord sous la forme d’un Royaume né le 1er décembre 1918. Celui-ci, on l’appelle communément la première Yougoslavie.
La deuxième fois, sous la forme d’une République, fondée en 1943 et tragiquement dissoute en 1992.
Et enfin, une troisième Yougoslavie que l’on disait tronquée, celle qui ne comptait plus que deux républiques sur les six qui la composaient auparavant et qui s’est, elle-même, éteinte en 2006.
Un siècle après, il n’y a donc plus de Yougoslavie. Toutefois, il reste des gens qui y sont nés, qui y ont grandi et vécu une bonne partie de leur vie.
Et je suis de ceux-là. 
Je suis de ceux-là, et je suis photographe. Tout ce que j’ai photographié, je l’ai vécu. Je n étais pas qu’un simple témoin des événements qui se déroulaient sous mes yeux ; ces événements étaient ma vie, comme celle de tant d’autres.
J’ai vu la Yougoslavie à son apogée, avec ses pionniers prêtant serment à leur patrie, ses bustes de Tito et son drapeau flottant à toutes les occasions, sa jeunesse en fête dans les concerts et les compétitions sportives, avec sa traditionnelle parade en l’honneur de l’anniversaire de Tito, tous les 25 mai […].
J’ai vu aussi la Yougoslavie avec les yeux de ses prisonniers, dans les tribunes des stades de foot, là où la haine a fini par exploser pour la première fois dans les années 90.
Qu’ai-je vu d’autre ? J’ai vu monter une inquiétude générale, des gens dans la rue brandissant des photos de tel ou tel leader politique, criant à la paix dans un temps de guerre.
J’ai vu le monde s’écrouler pour moi et pour d’autres comme moi. J’ai vu ce pays disparaître, à chaque civil tué, à chaque immeuble touché, à chaque larme versée.
Et puis, quoi ?
Que reste-t-il aujourd’hui de tout cela ? 
Les bustes et les statues de Tito gardés hors de la vue, quelque part dans les caves d’un atelier de la province. Tous ces monuments de la Deuxième Guerre mondiale, les mêmes que nous visitions, enfants, avec tant de vénération et de fierté, aujourd’hui abandonnés et profanés.
Que reste-t-il ?
Des parcelles de territoire peuplées de semblables, de mères qui continuent à pleurer leurs fils, de nouvelles générations pour lesquelles la Yougoslavie n’est plus qu’un pays qui n’est plus, celui de leurs parents, de leurs grands-parents.
Il reste, nous, moi, les photos…
Milomir Kovačević

Yougoslavie, 1980 : la musique comme étendard

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Métronomique (France culture) consacre une émission à la musique yougoslave des années 80. A écouter ici.

“Le 4 mai 1980, le Maréchal Tito s’éteint à Ljubljana. Celui qui avait dit non à Staline en 1948 laisse la fédération socialiste orpheline. Et pourtant, au même moment, la jeunesse yougoslave bouillonne de rythmes et de sonorités venus de l’ouest : punk, new wave, cold wave, rock progressif et même ska,  autant de groupes et de styles différents réunis dans ce qu’on appellera la « Novi val », la nouvelle vague yougoslave.

Parmi toutes ces formations, dont la plupart n’ont pas survécu à l’éclatement de la Fédération en 1991, on trouve bien sûr les pionniers de Bijelo Dugme, groupe fondé en 1974 à Sarajevo par Goran Bregovic, Azra et Prljavo kazalište de Zagreb, Pankrti (les « bâtards » de Ljubljana) ou encore VIS Idoli et Ekarterina Velika de Belgrade.”